Une génération finira par vieillir, mais il y aura toujours des gens qui courront après les étoiles.

Le 31 juillet, Wu Yifan a été arrêté conformément à la loi, soupçonné de viol. Après la publication de l'avis de détention criminelle, certaines personnes ont quand même choisi de le soutenir : certains fans ont choisi de continuer à « attendre la vérité », certains fans se sont précipités au poste de police pour se renseigner et lui rendre visite, et certains fans « sont devenus fous » et ont menacé de créer une organisation pour effectuer un « sauvetage collectif » ou même une « évasion de prison ».

Sous ce concept déformé selon lequel « mon père et ma mère ne sont pas proches de moi, seul mon frère est proche de moi », certains jeunes dépensent d'énormes quantités de main-d'œuvre et de ressources financières pour chasser les stars, comme dans le scandale du déversement de lait fou en soutien aux idoles.

Chaque fois que je vois un groupe de jeunes garçons et filles naïfs se consacrer à leurs idoles, inciter à la cyberintimidation et collecter des fonds sur Internet, cela inquiète et rend les gens perplexes : pourquoi est-il si difficile de faire croire aux fans que « les idoles ne sont pas aussi parfaites qu'on l'imagine » ?

Les fans ne savent-ils vraiment pas quel genre de personnes sont leurs idoles ?

En réalité, les fans sont peut-être conscients mais incapables de changer leur comportement. Parmi les 2 386 utilisateurs interrogés par l'enquête de FUNJI Entertainment sur « L'effondrement des idoles et la mentalité des fans », 52,2 % ont déclaré qu'« avant que le scandale de l'idole ne soit confirmé, ils sentent dans leur cœur que cela pourrait être vrai et font semblant d'être calmes sans changer d'expression ».

En d’autres termes, lorsqu’il s’agit de la chute de leurs idoles, plus de la moitié des fans sont souvent confrontés à une dissonance cognitive. La théorie de la dissonance cognitive a été proposée pour la première fois par le psychologue social américain Festinger en 1957. La dissonance cognitive fait référence au sentiment inconfortable provoqué par une action incompatible avec votre attitude, comme lorsque vous aviez l'intention d'aider votre ami mais que vous avez en fait fini par aggraver les choses.

En général, les attitudes et les comportements des gens sont cohérents, par exemple vous sortez avec quelqu'un que vous aimez ou vous ignorez une autre personne avec qui vous avez une rancune. Mais il peut parfois y avoir une incohérence entre l’attitude et le comportement. Par exemple, même si vous n’aimez pas une certaine star, vous la complimentez quand même parce que vous avez peur que ses fans vous grondent.

Lorsque les attitudes des gens sont incompatibles avec leurs comportements et qu’ils ne peuvent pas trouver de raisons externes à leur comportement, cela provoque souvent des tensions psychologiques chez les individus. Afin de surmonter la tension causée par la dissonance cognitive, les gens doivent adopter diverses méthodes pour réduire leur dissonance cognitive.

Prenons l’exemple des fans de Wu Yifan. Il y a de nombreux « fans inconditionnels » qui savent déjà au fond d’eux-mêmes que leur idole a commis d’innombrables crimes. Mais quand ils s'en sont plaints auprès d'autres « fans » en ligne, et que ces « bons amis » vous ont demandé de vous battre pour leur idole avec eux, vous avez republié un message sur Weibo en soutien à leur idole. À ce moment-là, votre attitude intérieure selon laquelle vous savez que vous avez fait quelque chose de mal est en conflit avec votre comportement de chasse aux étoiles, ce qui provoque une dissonance cognitive.

En conséquence, les fans ont commencé à adopter les méthodes suivantes pour réduire la dissonance cognitive causée par l’effondrement de l’idole, et ils s’y sont enfoncés de plus en plus profondément :

1. Changez votre attitude : changez votre attitude envers le bien et le mal et l’équité pour la rendre cohérente avec votre comportement précédent de poursuite insensée des étoiles. Par exemple, « J’aime juste Kris Wu, je me fiche de ce qu’il a fait. »

2. Augmenter la cognition : si deux cognitions sont incohérentes, la dissonance peut être réduite en ajoutant des cognitions plus cohérentes. Par exemple, « Courir après les étoiles peut me rendre heureux et me donner l’impression d’être le centre de l’attention. »

3. Réduisez le sentiment de choix : faites-vous croire que la raison pour laquelle vous agissez d’une manière qui contredit votre attitude est que vous n’avez pas le choix. Par exemple : « Il y a tellement de pression dans la vie, je ne peux la soulager qu'en poursuivant les étoiles, il n'y a pas d'autre moyen. »

4. Changez votre comportement : assurez-vous que votre comportement n’entre plus en conflit avec votre attitude. Par exemple : « Bref, je veux courir après les étoiles. Peu importe qui je cours après. Tant que j'escalade le mur assez vite, je n'aurai pas peur d'être blessé par la maison effondrée. » Pourquoi la dissonance cognitive se produit-elle ?

En termes simples : plus vous travaillez sur quelque chose, plus vous l’aimez.

En fait, dès 1959, le psychologue Aronson et d’autres l’ont prouvé par des expériences. Dans l'étude, ils ont demandé à des étudiantes qui s'étaient portées volontaires pour participer à l'expérience de discuter de sujets liés au sexe - un sujet tabou dans les années 1950 - et ont divisé les sujets en trois groupes : un groupe à haut ridicule, un groupe à ridicule moyen et un groupe témoin.

Avant le début de l’expérience, les chercheurs ont dit aux sujets que pour s’assurer qu’ils disaient ce qu’ils pensaient, ils devaient passer un « test embarrassant ». En fait, le but était de les diviser en groupes. On a demandé au groupe de ridicule élevé de lire des mots obscènes à haute voix en public, et au groupe de ridicule moyen de lire des mots à caractère sexuel devant d'autres.

Après avoir passé le test, les chercheurs ont demandé aux sujets de porter des écouteurs et de rejoindre un groupe pour parler de problèmes sexuels. Après la discussion, les chercheurs ont demandé aux participants d’évaluer dans quelle mesure ils avaient apprécié la discussion et les autres membres du groupe sur une échelle de 0 à 100.

Les résultats ont montré que les sujets du groupe de ridicule élevé (97 points) ont donné des évaluations beaucoup plus élevées sur la discussion de groupe que ceux du groupe de ridicule moyen (82 points) et du groupe témoin (85 points). Il n’y avait pas de différence statistiquement significative dans les scores entre le groupe moqueur et le groupe témoin.

Aronson a souligné qu'essayer de faire quelque chose de mal conduira inévitablement à une dissonance cognitive plus élevée, et afin de réduire la dissonance, les gens ne peuvent que changer leur attitude envers ces choses, de les détester à les aimer.

De la même manière que pour la chasse aux étoiles irrationnelle, si vous faites passivement de mauvaises choses au cours du processus de chasse aux étoiles, provoquant une dissonance cognitive, vous pourriez prendre goût à faire de telles choses plus tard.

L’essor des neurosciences cognitives a également fourni de nouvelles preuves à l’appui de la théorie de la dissonance cognitive. Dans l’étude de Veen et al., on a demandé aux sujets d’argumenter qu’« un laboratoire avec un mauvais environnement est un bon endroit ». En utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), les chercheurs ont découvert que le gyrus cingulaire antérieur dorsal et l'insula antérieure du cerveau étaient activés lors de la dissonance cognitive, et que l'activation de ces régions cérébrales pouvait prédire les changements d'attitude des sujets. En fin de compte, la poursuite des étoiles n’est peut-être qu’une dissonance cognitive auto-trompeuse, comme un rêve, comme une illusion, comme un éclair et comme une bulle.

Pourquoi y a-t-il toujours des gens qui courent après les étoiles ?

Parce que les célébrités vivent la vie que nous voulons vivre, ce que nous aimons est souvent le soi qui est projeté par elles. Ce soi est un soi idéal, ce à quoi nous aspirons. Notre amour pour les idoles n’est jamais un fantasme sans raison, il reflète souvent nos véritables besoins psychologiques. Par exemple, lorsqu’une personne souhaite avoir une belle silhouette mais ne peut pas contrôler son alimentation, elle espère être naturellement belle et ne pas prendre de poids, peu importe la quantité qu’elle mange. À cette époque, si une star a une apparence mince et est également gourmande, cela satisfait dans une large mesure notre idéal, nous devenons donc fans de cette star.

Lorsqu’une personne ne peut pas tolérer sa véritable image, elle cherche souvent un substitut pour compenser son insatisfaction face à la situation réelle. Lorsque la personnalité d’une star est très proche d’une partie de son moi idéal, une connexion avec l’idole se crée. Cette connexion mentale et émotionnelle avec l’étoile est due à un petit groupe de cellules spéciales dans le cerveau appelées neurones miroirs. Les neurones miroirs nous aident à apprendre à passer de la simple imitation à l’utilisation d’outils, à comprendre rapidement les intentions des autres et à ressentir les émotions des autres. Les neurones miroirs s’activent lorsque nous voyons quelqu’un d’autre effectuer le même comportement. Le mot « miroir » signifie voir le comportement de quelqu’un d’autre comme si vous le faisiez vous-même.

On pense généralement que les réseaux de neurones du cerveau sont le lieu où sont stockés des souvenirs spécifiques ; Les groupes de neurones miroirs, quant à eux, stockent les codes de modèles comportementaux spécifiques, leur conférant les caractéristiques de la pensée visuelle et de la nature intuitive. Non seulement ces fonctionnalités nous permettent d’effectuer des actions de base sans avoir à y penser, mais elles nous permettent également d’effectuer nous-mêmes les mêmes actions lorsque nous voyons d’autres les effectuer. Cela peut également expliquer pourquoi les gens bâillent lorsqu’ils voient d’autres personnes bâiller et pourquoi ils ne peuvent s’empêcher de rire lorsque les autres rient.

Grâce à l’existence des neurones miroirs, les humains peuvent acquérir de nouvelles connaissances, interagir avec les autres et présenter des comportements complexes et typiquement humains, comme la chasse aux étoiles.

Cela dit, courir après les étoiles n’est pas toujours une mauvaise chose. Bien sûr, l’existence d’idoles peut également jouer un rôle directeur positif. Comme l'écrit Romain Rolland dans la postface de « La Vie de Michel-Ange » : « Les gens ordinaires ne peuvent pas survivre au sommet, mais ils peuvent y monter pour rendre hommage une fois par an, et de là ils peuvent tirer le courage de se battre dans la vie quotidienne. »

L’incident de Wu Yifan était en fait un bon début. Le sujet de la #rectification du chaos de la mauvaise culture des fans# est devenu une recherche brûlante, le pays a commencé à réfléchir à « quel genre d'idoles voulons-nous donner à nos enfants », et le public a commencé à discuter des « normes morales des idoles ». À ce stade, nous ne devons pas oublier d’utiliser les connaissances psychologiques pour enseigner à nos enfants la « bonne façon de chasser les étoiles ».

Tout d’abord, nous devons conserver une pensée indépendante et nous méfier de la « dé-individualisation ».

La « désindividualisation » signifie que les individus d’un groupe perdent parfois leur sens des responsabilités pour leur propre comportement, ce qui affaiblit, voire élimine, la fonction du système de maîtrise de soi, conduisant à des comportements antisociaux qu’ils n’oseraient normalement pas adopter.

Dans le processus de poursuite des étoiles, les émotions d'un individu seront rapidement transmises aux autres membres du groupe, ce qui amènera l'individu du groupe à présenter des comportements qu'il n'a jamais présentés lorsqu'il était seul.

Lorsque vous vous sentez un peu confus dans le processus de poursuite des étoiles et que vous constatez que vous devez faire des choix inhabituels, restez calme et ne vous attendez pas à ce que les autres vous disent quoi faire. Chacun de nous est un individu indépendant et a la capacité de penser et de juger de manière indépendante. Deuxièmement, développez activement vos compétences en communication et en résolution de problèmes.

Des recherches ont montré que dans la vie sociale, ceux qui aiment utiliser la cyberviolence pour résoudre des problèmes sont souvent ceux qui manquent de compétences sociales appropriées. Par conséquent, une façon de réduire la violence en ligne est d’apprendre à exprimer la colère et la critique de manière constructive, à se coordonner et à faire des compromis dans les conflits, et à répondre avec plus de sensibilité aux besoins des autres. Enfin, n’oubliez pas de vivre votre vie et de faire bon usage du principe de connexion.

Le principe d’association stipule que nous aimons les personnes associées à de bonnes expériences et que nous n’aimons pas celles associées à de mauvaises expériences.

De nombreux fans perdent tout intérêt pour la vie parce qu'ils sont trop profondément connectés au « cercle de fans », ce qui fait que leur identité de fan devient plus importante qu'eux-mêmes et que la carrière de leur idole devient plus importante que leur vie. Par conséquent, poursuivez les étoiles sans affecter vos études ou votre carrière. Vivez bien votre vie et vous constaterez que les touches ordinaires de la vie quotidienne sont plus éblouissantes que les cercles de fans.

(Éditeur : Gao Peiwen)

Références

[1] FUNJI Entertainment « Idol Collapse : une enquête sur la mentalité des fans » https://mp.weixin.qq.com/s/T1ZSkBJz-DEKyNVpBdkwFQ [2] Myers. Psychologie sociale (11e édition) [M]. Traduit par Hou Yubo, Le Guoan, Zhang Zhiyong et al. Pékin : People's Posts and Telecommunications Press, 2014. [3] Aronson, E., Wilson, T, D., Akert, R, M. Psychologie sociale [M]. 8e éd. Upper Saddle River, NJ : Prentice Hall, 2013. [4] Van, V, V., Krug, M, K., Schooler, W., Carter, C, S. L'activité neuronale prédit le changement d'attitude dans la dissonance cognitive. Nature neuroscience, 12(1): 1469-1474 (2009). [5] Dapretto,M.,Davies,M.,Pfeifer,J.etal.Comprendre les émotions chez les autres : dysfonctionnement des neurones miroirs chez les enfants atteints de troubles du spectre autistique. Nat Neurosci 9, 28-30 (2006).https://doi.org/10.1038/nn1611.[6]Iacoboni, M. Imitation, empathie et neurones miroirs. Revue annuelle de psychologie,60,653-670(2009).