Un tueur en série a écrit de la poésie, et tout était différent

Presse Léviathan :

L'Autriche est le pays d'origine de Haydn, Mozart, Beethoven et Schubert, ainsi que de l'emprisonnement de Natascha Kampusch et du célèbre « père des bêtes autrichien » Josef Fritzl (qui a emprisonné sa fille de 18 ans, Elisabeth Fritzl, dans sa cave pendant 24 ans et l'a agressée sexuellement à plusieurs reprises, la forçant à porter sept enfants pour lui). Ce contraste saisissant semble faire de l’Autriche un pays paradoxal.
Le protagoniste de l’article d’aujourd’hui est également originaire d’Autriche. Cependant, l'expérience de cet homme est légèrement différente : il semble brouiller la frontière entre l'élégance et la cruauté. Après tout, son écriture a également conquis le cœur d'innombrables écrivains et lecteurs.
Jack Unterweger était le prisonnier idéal. Il s'est servi de sa propre expérience de peine pour prouver que, quels que soient les crimes commis par une personne dans le passé, tant qu'elle se réforme, il n'est jamais trop tard pour revenir en arrière.

Winterwig a commis de nombreux crimes au cours de la première moitié de sa vie, notamment des agressions sexuelles et même des meurtres. Il était censé purger une peine de prison à vie après avoir été reconnu coupable de meurtre pour un meurtre commis en 1976, mais alors qu'il purgeait sa peine, Wentwig a soudainement vu une lueur d'espoir. Bien qu'il n'ait qu'une vingtaine d'années à l'époque, Wentwig avait déjà publié une autobiographie et même un recueil de poésie alors qu'il était en prison. Les gens aiment les poèmes de Winterwig, et même certaines écoles autrichiennes incluent les poèmes du criminel dans leurs manuels scolaires. Après tout, aux yeux des gens, ces poèmes sont définitivement écrits du plus profond de l’âme d’un poète. Aux yeux des gens, Wentwig est un véritable poète.

Bien sûr, les gens voient Winterwig comme la preuve vivante que n'importe qui peut passer du mal au bien - du moins c'est ce que pensent les partisans qui appellent à la libération anticipée de Winterwig et font campagne pour cela. Cependant, ces belles imaginations furent bientôt brisées. Peu de temps après sa libération en 1990, Winterwig s'est soudainement lancé dans une série de meurtres, mettant brutalement fin à la vie d'au moins neuf femmes.

L'expiation d'un meurtrier

En 1976, Jack Wentwig a été arrêté pour suspicion de meurtre, une affaire qui a finalement abouti à sa condamnation à la prison à vie. Deux ans plus tôt, il avait traîné une jeune femme de 18 ans, Margaret Schäfer, dans les bois, l'avait violée et étranglée avec son soutien-gorge.
Ce n’est pas son premier crime. Auparavant, Winterwig avait 16 crimes à son actif, dont la plupart étaient des agressions sexuelles ou des blessures violentes contre des prostituées. Un mois seulement avant son premier meurtre, Untwig a battu une femme, l'a ligotée et l'a violée avec une barre de fer.

Bien sûr, il était inévitable que Winterwig devienne un meurtrier sanguinaire, mais personne n'aurait pu deviner ce qu'il vivrait après avoir été emprisonné. Derrière les barreaux de fer et les cellules de prison, Winterwig s'est assis tranquillement et a commencé à écrire de la poésie, des romans et son autobiographie, intitulée Purgatoire (Fegefeuer – eine Reise ins Zuchthaus). Il semble que du jour au lendemain, l'homme le plus dangereux d'Autriche ait soudainement changé d'apparence et soit devenu l'auteur à succès le plus célèbre d'Autriche.

L'âme d'un poète

« Aucun sujet n’est plus poétique que la mort d’une belle femme », écrivait Jack Wentwig en prison. « Il arrive un moment dans la vie d'une femme où elle doit devenir belle avant d'être aimée, et il arrive un moment où elle doit devenir belle après avoir été aimée. »
En tant que meurtrier qui aimait torturer et tuer des prostituées et même manger les cadavres de ses victimes, une telle expression est en effet choquante. Mais n'oubliez pas que c'est ce style d'écriture qui a valu à Winterwig le respect et le soutien des Autrichiens en prison, et ses partisans comprenaient certains des intellectuels et des élites sociales les plus respectés du pays.

L'autobiographie de Winterwig a réussi à tromper le monde entier et a réussi encore plus à convaincre les gens qu'il n'était qu'une personne sensible devenue folle parce qu'elle avait dû grandir dans un environnement où l'amour maternel manquait (en fait, Winterwig a été confié à son grand-père pour son éducation depuis qu'il était enfant, il manquait donc à la fois d'amour paternel et maternel, note du traducteur). En utilisant sa capacité à manipuler les mots, Winterwig a trompé de nombreuses personnes en leur faisant croire qu'il avait terminé sa transformation et méritait d'être libre.

Une pétition pour libérer le diable

Lorsque la nouvelle du travail de Wentwig s'est répandue, des milliers de personnes ont immédiatement demandé sa libération immédiate. Selon ces partisans, peu importe ce qu'a fait Jack Wentwig, ce qui compte c'est qu'il a prouvé que l'art peut guérir n'importe quelle âme blessée, et par conséquent il doit être libéré. Selon une déclaration signée par les partisans, « le système judiciaire autrichien sera mis à rude épreuve dans l'affaire Wentwig ».
Parmi les partisans de Wentwig, on compte de nombreux noms connus. Deux lauréats du prix Nobel de littérature, Elfriede Jelinek et Günter Grass, se sont joints à la campagne de pétition. Les deux romanciers ont non seulement appelé à la libération anticipée de Wentwig, mais ont également salué son travail. Jelinek a expliqué (bien des années plus tard) qu’elle avait été impressionnée par les écrits, « en particulier les descriptions littéraires lucides et belles de son enfance ». (www.latimes.com/archives/la-xpm-2007-nov-27-et-book27-story.html)
Un autre partisan influent, le journaliste et commentateur Peter Huemer, a décrit la campagne de pétition comme suit :

Wentwig représente une forme d'espoir pour les intellectuels. Quels que soient les problèmes, quelle que soit leur gravité, nous devons toujours faire preuve de courage pour les affronter et les résoudre. C'est pourquoi nous croyons en Wentwig du plus profond de notre cœur et espérons qu'il est digne de confiance.

En fait, toute l’Autriche le croyait. Après avoir purgé la peine minimale de sa peine en 1990, Wentwig a été libéré. Alors que Winterwig revenait à la société, le directeur annonça :

« Nous ne trouverons jamais un autre prisonnier aussi parfait que lui, quelqu’un qui soit complètement prêt à être libre. »

L'âme d'un tueur en série

Peu importe ce que disent les partisans de Wentwig, il a tué huit personnes au cours de sa première année de libération.
Winterwig a suivi sa méthode de meurtre habituelle dans ces cas : les victimes féminines ont été traînées dans les bois, battues et finalement étranglées à mort avec leurs propres sous-vêtements. Face à ces cas aux indices extrêmement évidents, les médias n'ont visiblement pas voulu focaliser les soupçons sur Winterwig, ils ont donc donné un nom au tueur en série dans ces affaires : le Tueur de la Forêt de Vienne.

Alors que Wentwig planifiait ce voyage meurtrier, il a participé à un talk-show et a été interviewé. L'émission télévisée a fait l'éloge de Wentwig et a mis en avant ses deux identités : celle d'un prisonnier qui a accepté avec succès la réforme et celle d'un écrivain qui a réussi à gagner la gloire et la fortune.

Cette émission de télévision à succès a valu à Winterwig une invitation d'un autre média (un magazine autrichien), qui l'a envoyé à Los Angeles, aux États-Unis, pour enquêter et rendre compte de la « terrible situation » des prostituées locales. À Los Angeles, Wentwig s'est installé au tristement célèbre hôtel Cecil. Ici, il a frappé sous le couvert de la nuit et a spécifiquement tué des prostituées qu'il avait rencontrées et interviewées. (www.latimes.com/archives/la-xpm-2007-nov-27-et-book27-story.html)

L'effondrement de l'image d'un poète

Parce que la police avait interrogé Jack Winterwig à plusieurs reprises au cours de sa série de crimes, au moment où la police avait suffisamment de preuves pour arrêter Winterwig, il savait déjà que la police enquêtait sur son cas et le soupçonnait. Winterwig s'est rapidement enfui, mais il contactait de temps à autre les médias et la police pour rester sous les projecteurs et expliquer pourquoi il ne s'était pas encore rendu :

« Je ne peux pas accepter d'être renvoyé en prison, mais cette nouvelle a eu un impact négatif sur ma vie sociale. Je n'ai aucune intention de rester en Autriche. »

(www.theguardian.com/books/2007/nov/10/features.weekend)
En fait, l’obsession de Winterwig pour l’opinion des autres a directement conduit à sa perte. Lorsque les agents du FBI l'ont arrêté, ils lui ont fait croire que ces personnes étaient des journalistes du magazine économique Success et qu'il serait payé 10 000 dollars s'il racontait aux journalistes sa version des faits. Untwig a finalement été dupé : au lieu de s’asseoir face à face avec un journaliste complice comme il l’avait imaginé, il est entré dans une salle remplie de policiers américains.
Le 29 juin 1994, Jack Wentwig a été reconnu coupable de neuf meurtres - il n'est pas exclu qu'il ait tué d'autres personnes.
« Je vais faire appel », a déclaré Wentwig devant le tribunal.
Mais il ne l'a pas fait et cette nuit-là, il s'est pendu dans sa cellule. La corde qu'il a utilisée pour se pendre était fabriquée à partir des sangles de son costume de sport et des lacets de ses chaussures.
Quant au nœud qu'il a utilisé pour se pendre, c'était exactement le même nœud que celui retrouvé sur les corps de toutes les victimes qu'il a étranglées.

Par Mark Oliver

Traduit par Lupin III

Relecture/Kinda Kazuichi

Article original/allthatsinteresting.com/jack-unterweger

Cet article est basé sur l'accord Creative Commons (BY-NC) et est publié par Lupin III & Kindaichi sur Leviathan

L'article ne reflète que les opinions de l'auteur et ne représente pas nécessairement la position de Leviathan